Deux peintres aux racines flamandes ont en commun d’avoir vécu en Wallonie. Bien que leurs parcours de vies soient extrêmement éloignés, il est assez étonnant de retrouver bien des traits communs à leurs œuvres.

Comme le rappelle leurs patronymes, Maxime van de Woestyne et Remy Van den Abeele ont un lien avec la région gantoise puisque le premier est le fils d’un des plus illustres peintres de Sint-Martens-Latem et le second est le fils d’un natif de Uitbergen. 

Une production homogène

Des espaces dépouillés desquels émergent des poteaux électriques, des sphères, des parapluies, des sols dallés, des arbres, des cordes, des femmes nues, des corps drapés : autant de motifs qui se retrouvent régulièrement dans les œuvres de Maxime van de Woestyne et de Remy Van den Abeele tout au long de leur carrière.

Plus troublant encore : les femmes-arbres, l’œil, les cathédrales ou les bijoux-peintures donnent l’impression que les deux artistes se sont abreuvés à une même source d’inspiration.

Il n’est pas étonnant dès lors que les termes choisis pour décrire leur production soient tout bonnement identiques. Outre une lecture analogue de leur œuvre, la comparaison avec Magritte est un autre leitmotiv des commentateurs.

Pourtant, seule une exposition collective en 1967 semble avoir compté quatre de leurs peintures présentées dans deux sections différentes (parmi plus de 90 œuvres de 50 plasticiens). Celle-ci était consacrée au surréalisme, un mouvement artistique auquel ils sont souvent associés, bien que van de Woestyne n’ait jamais souhaité y être rattaché.

Deux trajectoires distinctes

Alors que Maxime van de Woestyne (1911-2000) est issu d’un milieu artistique et intellectuel, Remy Van den Abeele (1918-2006) provient d’une famille éloignée de la culture. Le père du premier – Gustave van de Woestijne – est un peintre majeur de l’école de Sint-Martens Laethem et son oncle est un poète célèbre. Le second est le fils d’un travailleur manuel régulièrement contraint de changer de domicile en fonction des embauches.

Si Maxime suit, dès son enfance, des cours auprès de son père qui le pousse à entamer des études de droit, Remy quitte l’école à 14 ans pour soutenir financièrement sa famille. Il ne peut que tardivement s’inscrire aux cours du soir de l’Académie de Mons. Après divers voyages d’étude et de formation, Maxime entame une carrière de 45 années en tant que secrétaire à la Chapelle Reine Elisabeth. Toutes sortes de professions sont exercées par Remy, d’ouvrier à directeur d’Académie des Beaux-Arts de Binche. Celui-ci se marie et a trois enfants tandis que Maxime est un célibataire endurci qui ne trouve l’âme sœur qu’à un âge avancé. Ils décèdent respectivement à 89 et 88 ans.